Page:Desnoiresterres - La jeunesse de Voltaire.djvu/13

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un pareil mot pouvait être applicable à un pareil travail. Mais comment y prétendre devant cette infinité effrayante de matériaux, la plus grande partie inédits et éparpillés à tous les coins du globe ; car, quelle collection, quelle bibliothèque publique ne contient dans ses archives quelques lambeaux de la correspondance de Voltaire ? La bibliothèque de l’Ermitage, à Saint-Pétersbourg, renferme des trésors. Le British-Museum a ses richesses aussi. Tout cela n’est point inpénétrable, et on y a pu fouiller. Mais les archives privées, mais les collections particulières, mais ces richesses d’amateurs avares connues de quelques amis ! Il faut un long temps pour les deviner, plus encore pour ohtenir de ces gardiens jaloux des communications qui semblent en amoindrir à leurs yeux la possession. Nous avons été à même de nous glisser dans plus d’un sanctuaire, et nous avons eu, disons-le aussi, à nous louer de la complaisance parfaite de plus d’un détenteur. Il y avait une statistique à dresser de ces joyaux épars, et nous avons réussi, ici et là, à faire notre petite moisson. Mais, plus on découvre, plus on sent ce qui reste a chercher et à trouver, plus on est effrayé de ce qui manque. Voltaire disait à Formont, à la date du 24 juillet 1734 : « Je n’irai pas plus loin, car voilà, mon cher ami, la trentième lettre que j’écris aujourd’hui. » Et de ces trente lettres, nous n’en connaissons que deux ! Quelque chose d’aussi important, de plus important peut-être au point de vue biographique,