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LES AROUET DE POITOU.

(l’une des dernières qu’il ait écrites, car il expirait moins de deux mois après), où il accueillait la nouvelle avec la tranquillité d’un millionnaire qui se trouve hériter d’un pigeonnier délabré[1]. Rien n’était moins sérieux que tout cela. L’on avait mal lu. On avait cru voir « René Arouet, » c’était « René Adouet » qu’il fallait lire[2].

Les témoignages les plus anciens ne vont pas au-delà de 1525. C’est un Helenus Arouet, demeurant à Saint-Jouin de Marnes, propriétaire de deux petits biens, l’un le Pas-du-Cygne, l’autre la Motte-aux-Fées, tanneur de profession et le gendre d’un tanneur de Saint-Loup, bourg sur les bord de la Thouet, dans le département actuel des Deux-Sèvres. Ses enfants sont tanneurs et marchands comme lui. Helenus, l’un de ses petits-fils, fixé à Saint-Loup, est désigné sous le nom de sieur du Pas-du-Cygne. Jacqueline Marcheton, sa femme, lui donna cinq enfants, dont le troisième, François de la Motte-aux-Fées, sera l’aïeul de Voltaire. Après plusieurs années d’apprentissage à la Chataigneraye, dans la fabrique d’étoffes du beau-père de sa sœur, madame Bailly de la Gantière, et un séjour plus ou moins long dans sa ville natale, François prenait une décision qui, à cette date, dénotait une incontestable énergie, et sur laquelle la mort de son père arrivée en 1621 et celle de sa mère peu après, ne durent pas être sans influence ; il partait et venait s’établir

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. LXX, p. 461. Lettre de Voltaire à M. Dumoustier de la Fonds (Paris, 7 avril 1778).
  2. Benjamin Fillon, Lettres inédites de la Vendée (Paris, 1861), p. 115.