temps-là qu’il me favorisa de ce joli mot de germanisme, dont il fait depuis douze ans son épée de chevet pour combattre tous mes écrits passés, présents et à venir[1]. » En effet, Voltaire opposera constamment, à tout ce que le lyrique produira désormais, ses œuvres d’autrefois. « On cultive les lettres en Allemagne, mais ce n’est pas là qu’il faut faire des vers français[2]. » Ce n’est que trop vrai à tous points de vue, et il est également dangereux de ne plus pratiquer sa langue ou de la pratiquer à l’étranger. Plus tard, en Prusse et en Suisse, Voltaire parlera et écrira le français le plus français, le français du meilleur alloi ; et il ne tiendra qu’à lui de s’appliquer le vers de Sertorius :
Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.
Mais peu d’écrivains, peu d’artistes, comme peu de gens du monde, subissent impunément des années d’éloignement, et le reproche que Voltaire adressait à Rousseau, tout dicté qu’il fut par la haine, n’était pas dénué de fondement. La faiblesse des dernières œuvres, qu’on l’attribue à l’envahissement de l’âge ; mais le style, mais la langue ne se ressemblent plus, et il y a effectivement du « tudesque » dans le Jugement de Pluton et dans les épîtres au P. Brumoy, à Rollin et à Thalie.