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L’ABBÉ GÉDOYN.

Nul doute que Voltaire ne veuille faire allusion à la fécondité de sa mère, dont il était le cinquième et dernier rejeton. Elle avait eu d’abord deux garçons : François-Armand, qui vécut peu, et le janséniste Armand, qui succédera à son père dans sa charge de payeur des épices ; vint ensuite une fille, Marguerite-Catherine Arouet, madame Mignot, la mère de madame Denis ; puis Robert, destiné, comme l’aîné, à une brève existence ; enfin François-Marie, ce chétif enfant presque condamné en naissant et qui devait pourtant fournir une si longue carrière, toujours se mourant mais ne mourant jamais, mais résolu à vivre autant et plus qu’il pourrait, Voltaire[1].

On a dit plus haut que M. Arouet recevait bonne compagnie ; on a nommé déjà Chateauneuf et Rochebrune. Nous citerons encore un personnage, l’un des derniers amis, avec Chateauneuf, de mademoiselle de Lenclos, l’abbé Gédoyn. Ayant obtenu de la cour, en 1701, un canonicat à la Sainte-Chapelle, il vint habiter la maison canoniale. Ce voisinage établit naturellement entre le survenant et M. Arouet des rapports qui, avec le temps, se transformèrent en la plus étroite intimité : « Il n’avait d’autre maison que la nôtre, » dit Voltaire[2]. Arouet fréquentait les gens de lettres ; il avait bu avec Corneille : « Il me disait que ce grand homme

  1. Archives de la ville, Registre des baptêmes de la paroisse de Saint-Germain-le-Vieil : 18 mars 1684, p, 83 ; 5 avril 1685, p. 26 ; 29 décembre 1686, p. 97 ; 18 juillet 1689, p. 83 ; Registre des baptêmes de la paroisse de Saint-André-des-Arts : 22 novembre 1694, p. 91.
  2. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. XLIII, p. 336. La Défense de mon Oncle. — Œuvres diverses de l’abbé Gédoyn (Paris, 1745) p. xii. Mémoires sur la vie de l’auteur.