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LA COUR DES COMPTES.

dont Voltaire s’adresse à celui-ci dans son Épître à Boileau indique bien qu’il ne le connut point ; il parle de son jardinier d’Auteuil et du « neveu Dongois, » chez lequel il passa son enfance ; mais rien de personnel, rien qui prouve la moindre pratique de l’homme. Il débute par une erreur.

Dans la cour du palais je naquis ton voisin.


Il naquit sur la paroisse Saint-André-des-Arts[1], et le Palais se trouvait sur la paroisse Saint-Barthélémy. Le notaire et Boileau n’étaient donc pas alors porte à porte. Arouet, s’il résigna sa charge à Claude Leroy, le 16 décembre 1692, n’obtint qu’en 1701 l’office de payeur des épices de la chambre des comptes. Lorsque Voltaire devenait le voisin de Despréaux, il avait sept ans. La maison du poëte du Lutrin était l’ancienne maison canoniale de Gillot, l’un des auteurs de la satire Ménippée, située rue de Jérusalem, la première à main droite en sortant de l’hôtel de la Présidence. En face, dans le corps de bâtiment qui avançait en angle au point d’intersection de la rue de Jérusalem et de celles de Nazareth et de Galilée, se trouvait un vaste appartement dont la pièce importante était divisée en arcades avec un beau plafond en voussures. C’était la demeure des payeurs des épices et receveurs des amendes de la chambre des comptes[2] ; ce fut là

  1. L’église Saint-André-des-Arts était située près du pont Saint-Michel. Paillet de Warcy place la demeure de M. Arouet, rue des Marmouzets, au coin de celle de Glatigny. Mais cette rue était sur la paroisse de la Madeleine qu’elle avoisinait, et non sur la paroisse Saint-André. Elle n’était pas davantage sur Saint-Germain-le-Vieil.
  2. Labat, Hôtel de la Présidence, actuellement Hôtel de la Préfecture de police (Paris, 1844), p. 25.