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LE COLLÉGE LOUIS-LE-GRAND.

que la famille Arouet vint s’établir avec son chef. À la mort de Boileau, en 1711, Voltaire avait dix-sept ans. Il est vrai qu’il alla de bonne heure au collège et que, lorsqu’il en sortit, le satirique expirait dans une maison du cloître Notre-Dame. Il se peut aussi que les relations entre Arouet et celui-ci eussent été surtout des relations d’affaires qui cessèrent quand le père de Voltaire vendit sa charge. En tous cas, madame Arouet ne jugeait pas moins sévèrement le satirique que son mari ne jugeait le grand Corneille : « Ma mère, qui avait vu Despréaux, disait que c’était un bon livre et un sot homme[1]. » Lui, ne l’avait donc ni vu, ni connu.

Voltaire, qui eût eu besoin plus qu’un autre de la direction maternelle, perdit sa mère à l’âge de sept ans. Madame Arouet était jeune encore ; elle avait environ quarante ans, lorsqu’elle mourut, le 13 juillet 1701. La garde de cet espiègle devait être chose embarrassante pour un homme pris par les affaires ; le payeur des épices garda toutefois près de lui, durant trois ans, le petit François-Marie, et ne l’envoya qu’en octobre 1704 au collège des Jésuites. Son fils aîné avait été mis au séminaire de Saint-Magloire, dans le faubourg Saint-Jacques ; on se demande pourquoi il ne confia pas également le dernier aux pères de l’Oratoire, fort renommés, eux aussi, pour l’éducation[2]. Sans doute le fanatisme d’Armand avait déjà percé, et l’en avait détourné. Voltaire avait dix ans lorsqu’il entra

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot t. LIX, p. 494. Lettre de Voltaire à d’Argenlal ; 6 juillet 1761.
  2. Germain Brice, Description nouvelle de la ville de Paris (Paris, 1698), t. II, p. 127.