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REPRISE TRIOMPHANTE DE MARIAMNE.

laissent pas de réjouir[1]. » Voltaire avait intérêt à ce que la Mariamne de l’abbé n’en revînt pas ; la fit-il siffler par ses amis ? Rien ne le prouve. Mais il s’empressa de profiter de la maladresse de Nadal pour les noyer tous les deux, lui et sa pièce. Moins de quinze jours après, le mardi 10 avril, on reprenait la sienne qui, par les retouches, un remaniement presque complet, offrait tout l’imprévu, tout le piquant d’une œuvre nouvelle. Dans la première Mariamne, la mort de l’héroïne avait lieu sur le théâtre. La façon dont avait été accueilli le dénoûment, le décida à faire passer tout en récit. Ce n’était certes point un progrès, mais cela réussit pleinement, la tragédie alla aux nues : « C’est le plus grand poëte que nous ayons » s’écrie le même Marais[2].

  1. Marais (Didot), Journal et Mémoires, t. III, p. 317.
  2. Ibid., t. III, p. 174. Il est à regretter que ce premier dénoûment ne se soit pas retrouvé. « Nous nous proposions, dit Palisiot de rétablir dans notre édition l’ancien dénoûment qui eût donné à l’ouvrage même un attrait piquant de nouveauté ; mais M. d’Argental et moi nous le cherchâmes vainement, soit dans les dépôts de la police, soit dans les archives de la comédie. » Palissot, le Génie de Voltaire apprécié dans tous ses ouvrages (Paris, 1806), p. 83.