Page:Desnoiresterres - La jeunesse de Voltaire.djvu/339

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


IX

L’ABBÉ DESFONTAINES. — LE MIRACLE DE MADAME
LA FOSSE. — SECONDE BASTILLE.

Il n’a été question, jusqu’ici, de l’abbé Desfontaines ; plus tard, il ne sera que trop parlé de lui, de ses mœurs, de son besoin de médire, de son ingratitude envers son bienfaiteur et son libérateur. On voudrait sans doute rayer un pareil nom de ces pages ; mais l’histoire a ses devoirs auxquels elle ne saurait se soustraire sans cesser d’être elle-même. Pierre-François Guyot Desfontaines naquit à Rouen, le 22 juin 1685, environ neuf ans avant l’auteur de la Henriade. Son père était conseiller au parlement ; sa famille bien apparentée, était alliée à la marquise de Flavacourt, à la présidente de Lourailles et à M. de Bernières. Guyot fit ses études chez les jésuites et y demeura quinze ans dans le professorat. C’était un bien long bail pour une organisation aussi essentiellement indépendante. L’occasion de recouvrer sa liberté en assurant sa vie s’étant présentée, il n’eut garde de la laisser échapper. Il avait su gagner les bonnes grâces du cardinal d’Auvergne, et ce fut par lui qu’il obtint la cure de Thorigny, une petite ville de Basse-Nor-