Page:Desnoiresterres - La jeunesse de Voltaire.djvu/54

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
DISTRIBUTION DES PRIX DE 1710.

Loin d’une fortune opulente,
Aux trésors que je vous présente
Ma seule ardeur donne du prix ;
Et si cette ardeur peut vous plaire,
Agréez que j’ose vous faire
Un hommage de mes écrits.

Le hasard, qui a parfois de ces rencontres, ne pouvait compromettre davantage et le poêle et la sainte qu’il célébrait. Bien que publié en son temps par les jésuites, en regard de l’ode latine du P. Lejay[1], ce premier essai lyrique était demeuré depuis tellement ignoré, que Fréron, en 1764, le reproduisait comme une pièce rare et curieuse, dans une intention qu’on devine[2].

À part ce don des vers, Arouet était un bon élève, un sujet brillant, un collecteur de couronnes. À sa dernière année de rhétorique, son nom plusieurs fois acclamé frappa l’attention de Jean-Baptiste Rousseau, qui assistait à la distribution des prix des jésuites.

Des dames de ma connoissance, raconte ce dernier, m’avoient mené voir unetragédie des jésuites, au mois d’août de l’année 1710 ; à la distribution des prix, qui se faisoit ordinairement après ces

  1. Imitation de l’Ode du R. P. Lejay sur sainte Geneviève. Signée : François Arouet, étudiant en rhétorique et pensionnaire au collége Louis-le-Grand. Huit pages, beau papier, in-4o. Sans lieu ni date.
  2. Mémoires secrets t. XVI, p. 224, 30 novembre 1764. — Longchamp et Wagnière, Mémoires sur Voltaire, t. I, p. 226, 227. Examen des Mémoires de Bachaumont. — Barbier, Dictionnaire des ouvrages anonymes et pseudonymes (Paris, 1823), t. II, p. 221. L’abbé de Saint-Léger, Recueil C. (1759). Cette ode a, du reste, été admise dans presque toutes les éditions données depuis 1817, et nous ne comprenons pas que la Correspondance littéraire (25 novembre 1863, p. 18, 19, 20) la reproduise à titre de rareté et « comme ne l’avant pas rencontrée dans les œuvres de Voltaire. »