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UN SOUVENIR D’AMITIÉ.

la famille respectable et nombreuse à laquelle elle appartient, les personnes du plus haut rang dont elle est alliée, devaient la mettre à l’abri de l’insolente calomnie d’un scélérat absurde[1]. » Voltaire n’était pas fait pour le mariage ; et non-seulement il pardonna aisément une défection qui l’avait sauvé de la plus irrémissible folie, mais encore il conserva toujours de l’aimable et frivole Pimpette un souvenir charmant et attendri. En 1721, il la sait gênée et cherche à lui rendre, sans y réussir, un service d’argent, comme nous en trouvons la preuve dans une lettre à d’Argental, à la date du 22 février 1751 : « Il faut que je vous parle d’une autre anicroche. André, cet échappé du Système, s’avise, au bout de trente ans, un jour avant la prescription, de faire revivre un billet que je lui fis en jeune homme, pour des billets de banque qu’il me donna dans la décadence du Système, et que je voulus faire en vain passer pour un visa, en faveur de madame de Winterfeld, qui était alors dans le besoin[2]. » Il y avait deux ans qu’Olympe était de retour en France, et nous ne savons point sur quel pied elle y pouvait être. Si son père ne devait laisser que des dettes, son oncle, M. Dunoyer, d’abord dans les vivres, puis greffier

  1. Voltaire, Œuvres complètes (Beuchot), t. XX, p. 540. Supplément au siècle de Louis XIV.
  2. Ibid., t. LV, p. 578. Lettre de Voltaire à d’Argental ; des neiges de Berlin, 22 février 1751. Nous nous sommes fort étendu ailleurs sur cet André, fameux actionnaire et mississipien, « seigneur de quinze terres, et autres terres, « qui mariait, en 1720, au marquis d’Oise, une fillle âgée de vingt mois, que ce dernier prenait pour les beaux yeux de sa cassette ; ce qui ne devait lui réussir du reste que médiocrement. Revue des Provinces (1865), t. VII, p. 97 à 100.