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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/100

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Les chers enfants se retirèrent docilement dans la première pièce, nous restâmes seules.

Je sentis bien qu’il fallait enfin faire usage de mon prétexte… Je retirai le voile de ma poche et le lui présentai ; elle le déploya :

— Ah ! quel dommage !… s’écria-t-elle. Enfin, je tâcherai de le réparer de mon mieux. Et… vous en êtes bien pressée, madame ?

Pas du tout… répondis-je vivement, ne vous occupez de ce voile que lorsque vous n’aurez rien à faire, je vous prie.

Madame est trop obligeante ; mais je n’en abuserai pas. Veut-elle bien me donner son adresse, je le lui renverrai.

— C’est inutile… en me promenant au Luxembourg, je viendrai le prendre, dis-je.

— Mais il m’est impossible de souffrir que madame prenne la peine de monter nos quatre étages !

— Si, si… je reviendrai, Mar… madame, dis-je en me levant prête à suffoquer…

Chacune des paroles de la pauvre Marie me faisait l’effet d’un sanglant reproche adressé à tous les Lestanges… Oh ! mon père, mon père !…

En traversant la chambre où jouaient les enfants, je les pressai tous deux dans mes bras en leur donnant un baiser, et je m’enfuis précipitamment en abaissant mon voile sur mon visage.

Une demi-heure s’était écoulée ; en sortant de la