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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/104

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ah ! je n’en doute pas ! mais… pardonnez à ma hardiesse, le pourrez-vous toujours ?… Et s’il arrivait que non… vous auriez fait des malheureux !… Réfléchissez avant, madame… je vous en conjure.

— Mon pauvre Saint-Jean, tu ne vois jamais en rose, toi ! m’écriai-je en riant. Sois tranquille… j’ai bien calculé mes moyens : c’est une chose parfaitement assurée.

Avec sa triste expérience de vieillard, lui doutait de tout ; et moi, avec toute l’imprévoyance de la jeunesse, je ne doutais de rien ! Plus tard, j’ai dû reconnaître cependant que toutes ses observations étaient en réalité de sages prévisions.

Cette affaire réglée, je respirai plus librement. J’espérais bien avec les deux autres mille francs que je gardais par-devers moi, sur la part que je destinais à Marie, parvenir avec le temps à l’entourer du confortable, de mille choses, dans ma pensée indispensables, dont je me désespérais de la voir privée !

Vous savez tout ce que mon imagination m’avait créé de bonheur dans le rapprochement que je méditais avant même d’avoir vu Marie, et maintenant que je l’en trouvais si digne, sa réalisation était devenue mon idée fixe de tous les instants… les distractions, les plaisirs du monde qui avaient encore tant de charmes à mes yeux alors, n’occupèrent plus que la seconde place dans mes jouissances. Jamais bals ni fêtes ne m’ont causé les émotions, n’ont été désirés par moi