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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/110

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— Pourquoi ?

— L’occupation que vous avez la bonté de m’offrir ne peut durer toujours… Si j’abandonne mon état à présent, plus tard la clientèle que j’ai formée aura disparu, et cependant il faut que je travaille comme par le passé ; l’aisance, les bonnes jouissances que vous savez… n’existent qu’à cette condition ; autrement, moi seule aurais profité de l’augmentation de notre petite fortune, et ce serait bien mal, madame !

À ce simple et noble exposé, quelles objections, dont je ne dusse rougir, pouvaient sortir de ma bouche ?… Marie valait cent fois mieux que moi ! je ne sus que presser tendrement sa main dans les miennes.

— Mais, madame, reprit-elle en souriant, ne me plaignez pas, je suis la plus heureuse des femmes ! À présent, il ne manque rien à mon bonheur… que ma mère !… dit-elle en jetant un regard vers le ciel. Vous connaissez mes chers enfants, et j’ai le plus parfait, le meilleur des maris !

Que je regrette, ajouta-t-elle ingénument, que le hasard n’ait pas encore favorisé mon bon Julien ! il désire tant vous voir, madame.

Et moi, Aline, je ne désirais pas voir Julien… je cherchais à oublier qu’il existât… Le cœur humain renferme de honteux recoins, allez ! Sans me rendre compte de ma mauvaise pensée, je séparais orgueilleusement ce que Dieu avait joint !…

Assise près de Marie, aux manières parfaites, au langage pur et élevé, ses charmants enfants sur mes