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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/111

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genoux, ils en étaient venus là, j’étais dans mon atmosphère, à ma place… tout cela m’appartenait, était mien… mais l’ouvrier imprimeur, lui, ne m’appartenait pas… je le repoussais, je n’en voulais pas…



ХV


Un jour je le vis cependant ! et je rougis jusqu’au fond de l’âme de mon misérable orgueil…

Ce bon Julien, que je me représentais vulgaire, gauche, mal vêtu, les mains et le visage noircis comme un serrurier, était un jeune homme d’une physionomie distinguée et spirituelle, d’une jolie tournure, d’une mise, d’une tenue tout à fait convenables ; avec des manières aisées, sans être familières ; bien, très-bien. Telle fut la première impression qu’il me fit éprouver.

Et puis après, lorsque je le connus mieux, il m’arriva bien d’aller quelquefois chez Marie le dimanche, jour de chômage pour Julien, il en était si heureux ! et je me repentais tant de mes petites lâchetés à son endroit…

Julien parlait bien, en bons termes. Sans doute dans un salon il eût été timide, embarrassé, mais non pas déplacé. L’instruction première qu’il avait reçue s’était complétée par le genre même de son travail, qui mettait sans cesse son esprit en contact avec les