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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/112

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meilleurs auteurs ; et soit sur des sujets graves, soit qu’il s’abandonnât aux inspirations de son imagination vive et exaltée, sa manière incisive et pittoresque rendait sa causerie très-agréable.

Je prenais plaisir à l’écouter, à admirer les jolis dessins que, dans ses rares instants de repos, il exécutait avec un véritable talent. J’étais tout heureuse de le trouver si bien ; et Marie et lui si flattés, si reconnaissants de mes visites !

Combien de fois, le soir, dans le vide d’un cercle brillant, m’est-il arrivé de donner un souvenir de regret à ma matinée si doucement remplie, avec mes humbles amis !

Et combien d’autres comparaisons encore se faisaient jour peu à peu dans mon âme !… Dans leur heureuse union, à eux, il y avait autre chose, pour l’un, que le droit inscrit sur le registre de l’état civil ; pour l’autre, que l’obéissance jurée au pied de l’autel… Il y avait encore des deux côtés, amour, dévouement, confiance… non pas seulement communauté d’intérêts, mais aussi communauté de cœur !… À deux, la joie ; à deux, la douleur… Dans ce ménage, la sainteté des liens du mariage m’était révélée !… Et je m’inclinais devant le bonheur de la femme de l’ouvrier…

Julien adorait sa femme. Le culte intérieur qu’il lui avait voué se décelait dans ses regards qui la suivaient avec amour, dans le son de sa voix en lui parlant, et, à son insu, dans l’imitation de ses gestes, de ses manières, dans l’adoption de ses termes favoris… Sans cesse il