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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/114

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taient aussi le deuil… mais un deuil inavoué, dérobé à tous les regards, à ceux même de son mari chéri… Dieu seul connaissait la pieuse fraude ! c’était le secret de sa mère, et il restait enseveli dans les profondeurs de son âme !…

Pauvre Marie !… son cœur lui avait inspiré ce tribut filial… ce muet et modeste témoignage de respect !… Marie était pour moi une étude pleine d’intérêt. Où donc la simple jeune femme, si étrangère aux usages du monde, avait-elle appris ces délicatesses exquises des convenances ?… Possédait-elle donc, avec les obscures mais sublimes vertus qui se rencontrent quelquefois dans les classes inférieures, vous le voyez, Marie possédait-elle donc aussi tous les instincts d’une haute origine ?…

Je ne puis vous exprimer ce que sa pieuse intention me fit éprouver de bonheur, et de peine aussi…

Dès le lendemain je retournai chez ma chère Marie. Voyez, lui dis-je en posant sur ses genoux un petit rouleau, il n’y a pas que vous qui fassiez de bons marchés ; j’ai eu pour rien une coupe d’étoffe où il se trouve précisément une robe pour moi, et une robe pour vous : n’est-ce pas, vous la porterez pour l’amour de moi ?

— Oh ! madame…

Et elle s’inclina toute confuse en me remerciant du regard.

En déployant le papier qui contenait du pou-de-