Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/115

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

soie noir… une exclamation de surprise lui échappa ; puis, comme frappée tout à coup d’une de ces idées subites dont l’esprit accepte et repousse à la fois la vraisemblance, elle resta immobile, silencieuse, les yeux fixés à terre.

— Nous serons habillées de même, Marie… lui dis-je en la nommant ainsi familièrement pour la première fois.

Elle releva la tête… et comme sortant d’un songe :

— Mon Dieu ! si c’est une illusion, elle est bien bonne ! murmura-t-elle en laissant échapper sa pensée intérieure.

Mais se reprenant aussitôt :

— Oh oui, toujours ! appelez-moi toujours Marie… je vous en prie ! ajouta-t-elle en joignant ses mains tremblantes.

Et j’eus le courage, Aline, de ne pas la presser sur mon cœur, de ne pas prononcer le doux mot… qui devait la faire tomber dans mes bras.

Ah ! c’est que depuis que j’avais pénétré plus avant dans le bonheur de Marie, je me demandais ce que je pouvais y ajouter !… Qu’il me prenait des méfiances de toucher à sa paisible et heureuse vie ! c’est que maintenant son humble intérieur avait un tout autre aspect à mes yeux, sa médiocrité une tout autre signification dans ma pensée… à ce point que mes projets de la faire changer de logement, de l’entourer de mieux que de ce strict nécessaire qu’elle avait possédé jusqu’ici,