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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/116

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étaient abandonnés : ce n’était plus à des choses de luxe que je voulais employer les deux mille francs que je retenais sur la part annuelle destinée à Marie ! Non, non, ce n’était plus dans les jouissances du luxe que je plaçais la félicité, je commençais à les apprécier à leur valeur… à présent j’aurais échangé sans regret, avec joie, mon sort brillant contre ce lui de Marie Thibaut, l’heureuse femme, l’heureuse mère !…

Et voilà pourquoi je trouvai le courage de ne pas prononcer le mot qui pouvait apporter du trouble peut-être dans tant de calme, dans tant de bonheur.

Aucune explication n’avait eu lieu, et cependant, depuis ce moment, elle me témoigna discrètement une tendresse infinie, me dit tout avec un entier abandon ; et moi, je ne lui cachai plus tout… Elle sut mon nom et ma demeure, et ce que les exigences de ma position apportaient de contrainte et de gêne dans mes relations avec elle…

Elle comprit tout cela, et avec un tact, une mesure admirables, elle ne dépassa jamais la limite où je m’arrêtais…

À partir de cet instant aussi, il me sembla que ma position personnelle était moins fausse chez Marie, mes rapports vis-à-vis d’elle et des siens plus naturels. Depuis, quelquefois, à la grande joie des chers enfants, je les emmenais avec leur mère dans ma voiture promener quelques heures sur les boulevards exté-