Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/118

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

riant la bonne et charmante jeune femme, entre autres incroyables rencontres que je faisais toujours à point nommé de quelque fâcheux au moment où j’aurais voulu le voir à cent lieues… il me revient en souvenance la plus ridicule aventure du monde ! Vous allez voir.

Si vous vous rappelez les détails de ma première course à la rue Saint-Dominique, vous savez comment après avoir traversé le jardin avec mon domestique, m’être débarrassée de lui, je le retrouvai de planton à la grille de la rue d’Enfer, où il m’avait quittée ? Eh bien ! depuis lors, sans qu’un mot ait été prononcé de part et d’autre, les choses, comme par une convention tacite, étaient établies invariablement sur le même pied : il m’accompagnait jusqu’à la grille, et ne la dépassait pas… Je sais bien aujourd’hui tout ce que cela avait d’inconséquent, mais alors je n’y songeais pas !

Une fois donc en traversant en courant la rue d’Enfer, comme je faisais toujours, je me trouve nez à nez de l’autre côté avec un homme de ma connaissance, de la vôtre aussi, M. de Noireterre…

À l’air de profond étonnement qu’exprimait sa physionomie, et d’indécision tout à la fois en portant la main à son chapeau, je devinai qu’il n’avait vue venir de loin avec mon domestique, que le reste ne lui était pas échappé, qu’il le trouvait singulier… Et à cette idée, perdant toute présence d’esprit, sans lui rendre