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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/126

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Julien, qui veut parler à madame ; Pierre l’a fait asseoir dans l’antichambre, en attendant les ordres de madame.

Pierre a eu tort… c’était dans le salon qu’il devait faire entrer cette dame. À l’instant introduisez-la, répliquai-je sèchement.

Je courus, sur les pas de cette sotte fille, au-devant de Marie, lui pris la main, et l’entraînai dans ma chambre, dont je refermai la porte sur nous.

Jamais Marie n’était venue chez moi. Cette visite si inopinée, le bouleversement de ses traits, le tremblement qui lui ôtait le pouvoir de s’exprimer, tout me fit pressentir un malheur :

— Marie, qu’est-il arrivé ? m’écriai-je.

— Mon mari… Julien est en prison !… articula-t-elle convulsivement.

— Julien ! Julien est en prison !… Qu’a-t-il donc fait, mon Dieu ? demandai-je terrifiée.

— Oh rien !… rien de mal, madame ! Et à travers les sanglots elle me raconta :

Qu’au petit jour un commissaire de police, accompagné de plusieurs hommes, avait envahi sa demeure, visité partout, fouillé tous les meubles, s’était emparé de papiers imprimés qui se trouvaient sur une table, et qu’après un long interrogatoire, après avoir beaucoup écrit, ces impitoyables gens, malgré ses larmes et ses prières, avaient entraîné son mari en prison !

Jugez de ce que j’éprouvai à cette nouvelle. Qu’était