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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/14

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tout le monde, tout le monde voulait s’y montrer.

À ce moment, la plupart des visiteurs revenaient en droite ligne du bois ; et dans une conversation rapide, se reproduisait, toute palpitante d’actualité, la chronique du jour qu’on venait d’y recueillir au vol.

Les on dit politiques, les nouvelles confidentielles données par les familiers du château sur le renversement médité du ministère Martignac, occupèrent bien quelques instants ; mais à qui, dans ce salon, importait la chute du ministère bourgeois ? Les impressions, les scènes épisodiques de la promenade, étaient d’un bien autre intérêt vraiment ! Il y avait un bien autre charme dans la revue passée en commun des célébrités de tous genres, des sommités élégantes dont l’apparition ou la rencontre avaient complété les jouissances de la matinée de tout ce monde d’heureux désœuvrés, pour qui le bois et l’Opéra sont les seules affaires sérieuses de la vie !

Parmi les femmes citées pour avoir fixé l’attention, madame la duchesse de G ***, en possession d’imposer la mode et le goût, fut tout d’abord nommée : elle montait avec une grâce et une hardiesse fort remarquables un cheval arabe pur sang, aux allures vives et impatientes, d’une beauté, d’une valeur idéales, l’un de ceux, assurait-on, envoyés dernièrement de Constantinople en présent à M. le dauphin.

La façon nouvelle de l’habillement de cheval qu’elle portait, sa coiffure, qualifiée d’innovation heureuse,