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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/140

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Si vous dites un seul mot à votre mère de toute cette ridicule histoire… si vous avez le malheur… le malheur, entendez-vous ! d’accoler mon nom à celui de votre protégé, je pars pour un voyage illimité, je ferme ma maison, je vous laisse à Paris, et vous y brillerezavec le revenu de votre dot… Vous savez ce que cela veut dire ?…

Et en me lâchant les bras, il me repoussa rudement sur la causeuse.

Les paroles sont impuissantes à retracer de telles impressions, ma chère !

À ce vil reproche je sentis le sang des Lestanges frémir dans mes veines… Je me redressai de toute ma hauteur, éperdue… J’allais lui dire qu’une fille de ma sorte n’épouse un homme de la sienne… que parce qu’elle est pauvre et qu’il est riche… j’allais lui donner quittance à toujours de la pension qu’il me faisait, de cet or qui désormais en passant par ses mains sali rait les miennes… Tout cela Aline, frémissait dans mon cœur, sur mes lèvres…

Dieu ne permit pas que la révolte de mon orgueil coûtât la ruine de toute une famille…

L’image de Marie et de ses enfants se dressa imposante entre l’insulte et la vengeance… Je baissai la tête, et j’acceptai l’humiliation… Jamais, jamais je ne leur donnerai une plus grande preuve de dévoue. ment ; dans ce seul instant, j’ai racheté les torts de mon père !