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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/141

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— Vous m’avez entendu ?… maintenant faites ce qui vous conviendra, ajouta M. Duval en disparaissant par une porte dérobée, qu’il referma sur lui avec une telle force que le tableau qui y était suspendu se dé tacha, et se brisa en mille éclats.

Je m’enfuis épouvantée, la tête perdue. Moi, accou tumée au langage, aux formes qui, dans un certain monde, s’arrêtent invinciblement à l’impolitesse, à la brutalité… moi, l’objet de menaces, de scènes violentes ! maltraitée… presque frappée !… Il y avait de quoi devenir folle.

J’arrivai chez moi comme égarée. Marie effrayée de ma longue absence, se précipita à ma rencontre. Je tombai dans ses bras en poussant des gémissements étouffés.

— Qu’avez-vous ? Ô ciel ! qu’avez-vous ? me demanda-t-elle avec tendresse.

Et moi je répondis en sanglotant.

— Marie, Marie ! je suis la plus malheureuse des femmes !

— Vous ! vous ! s’écria-t-elle en parcourant du regard les somptuosités princières qui m’entouraient…

— Tout cela ne fait pas le bonheur ! murmurai-je. Mais dans ce regard, j’avais saisi la pensée de Marie, ce retour involontaire sur le positif de son malheur à elle !… Devais-je donc, en présence de sa douleur, me plaindre, moi ? Et, m’efforçant de surmonter mon émotion, je lui donnai des consolations, des espéran-