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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/148

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âme… mes pensées erraient vers la rue Saint-Dominique… où l’on pleurait… où une infortunée m’attendait !

À l’écart de la foule j’étais assise au fond d’une des allées de ce féerique jardin, tout tapissé de suaves et belles fleurs ; les accords d’une musique délicieuse m’arrivaient doux et brisés, mêlés aux retentissements des pas, des éclats joyeux des danseurs, de tout l’entrain, toute l’animation d’une ravissante fête !

Ici… pensais-je, un palais enchanté, des heureux, la joie, le plaisir, tous les enivrements, toutes les jouissances… là-bas… les sombres murs d’un cachot, un malheureux, les mortelles angoisses de l’incertitude, de l’attente ; l’isolement dans les fers… cette torture sans nom !…

Et des larmes brûlantes retombaient de mes joues sur mon joli bouquet de bal, qu’étreignaient convulsivement mes mains.

À ce moment Albert parut : je manquais dans les salons… Il m’avait cherchée… Il venait m’engager à danser, me dit-il.

— Oh ! non !… cela me serait impossible, répondis-je.

Le trouble, la tristesse qu’imprimaient sur ma physionomie les cruelles préoccupations auxquelles j’étais en proie depuis quelque temps, ne lui avaient pas échappé ; je vous l’ai dit, pour la première fois nous nous rencontrions sans témoins…