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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/154

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de l’expatriation de toute une famille ; car l’idée de séparer le mari de sa femme et de ses enfants bien aimés ne nous vint pas. Devions-nous donc l’avoir se couru pour lui faire expier nos bienfaits par un supplice, l’affreux abandon dans l’exil ?… Mais il nous eût redemandé son cachot, près des siens !

C’était impossible. La pauvre Marie non plus n’aurait pas supporté cette séparation. Par reconnaissance, je le savais bien, elle se serait immolée à nos volontés, et elle en serait morte de chagrin !

Si j’eusse été seule à décider, à me débattre, au milieu de ces inextricables embarras, je serais devenue folle, ma chère, vous le comprenez ?… Ce fut encore à l’activité infatigable, au zèle intelligent de notre bon ange, que nous dûmes les moyens d’en sortir avec une célérité miraculeuse… Hélas ! les instants étaient comptés, et le temps passe si vite, quand nous le prions à maintes jointes de s’arrêter !

Albert avait un parent établi à Lausanne, il lui écrivit, le chargea de louer une petite maison pour y établir une famille, et lui demanda, pour les pauvres, exilés, assistance morale et intérêt. La réponse fut satisfaisante, et notre parti définitivement arrêté.

Avec les six mille francs de la pension que je pouvais faire passer à ma chère Marie, l’existence au moins aisée de sa famille était assurée : Julien s’occuperait de l’éducation de ses enfants, pourrait encore avec quelque avantage tirer parti de son charmant ta-