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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/160

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Oh ! voyez-vous, rentrer désormais à son égard dans les mêmes conditions qu’avec un étranger, m’était impossible !… Ces deux derniers mois, chaque jour nous nous étions rencontrés, entendus… A cette heure c’était un frère, un ami que je retrouvais avec transport ! vers lequel je me sentais entraînée par une admiration, une reconnaissance passionnées… Et c’est ainsi, Aline, que quand je croyais, dans la sincérité de mon âme, n’éprouver pour lui qu’une pure et fraternelle affection, je me suis trouvée l’aimer d’amour, l’aimer à en perdre la raison !

Ce n’est pas lui, le noble jeune homme, qui, s’autorisant des éternelles obligations que j’avais contractées envers lui, en réclama le prix ! Il n’exigea rien, ne demanda rien : nous ne pouvions plus nous retrouver comme avant ce cruel départ, c’était impossible… nous nous écrivîmes… et tous les jours du mois, nous nous apercevions, ne fût-ce qu’une minute ! Quelque. fois, bien rarement, nous parvenions à nous rejoindre, à nous dérober aux regards importuns, dans une des allées isolées du bois de Boulogne ; lui à cheval, moi en voiture, nous causions quelques instants de nos amis, nous nous communiquions les lettres que nous en recevions. Il les aimait à cause de moi, et moi, je crois que je les aimais encore mieux à cause de lui : c’était le lien qui nous réunissait !

Ces lettres me faisaient du bien et du mal à la fois ! Dans toutes, Marie m’entretenait de ses ineffables jouis-