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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/162

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La triste scène entre mon mari et moi devait avoir un long retentissement… Je sais pardonner une injure, l’effacer de mon souvenir je ne le puis… J’avais beau chercher à oublier son insensibilité dans cette circonstance, ses violences à mon égard, vouloir chasser de ma pensée la comparaison qui y revenait sans cesse de sa désolante conduite avec la noblesse de celle d’un autre… je ne le pouvais, je ne le pouvais !… Lui, de son côté, ne me pardonnait pas ses torts… et de ces dispositions réciproques résultait de ma part une froide contrainte, de la sienne une irritabilité d’humeur qui s’attachait à tous les prétextes pour rendre amères les heures de l’intimité.

Depuis ce jour, un seul mot n’avait plus été prononcé entre mon mari et moi au sujet de cette scène, et pourtant à chaque instant elle se reproduisait palpitante malgré moi dans mon attitude… comme de sa part, dans les mille petites persécutions d’un ressentiment inavoué…

Il ne faut pas être injuste cependant ! Je suis convaincue que M. Duval n’a ni l’intention ni la conscience du mal qu’il me fait, et qu’il rirait au nez de quelqu’un qui lui dirait : Vous rendez votre femme malheureuse !

Il ne s’en doute pas, il ne croit pas avoir un mauvais caractère. Et en effet, M. Duval n’est pas un homme méchant : en disant le mal il faut dire aussi le bien. Je l’ai vu quelquefois ému au récit d’une belle