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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/163

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action ; il est libéral et généreux dans l’emploi de sa grande fortune ; je ne sache aucune circonstance où il ait méconnu les obligations qu’elle impose, où il ait re fusé un service d’argent ; et si elle lui est réclamée, il fait largement l’aumône.

Après cela, il a les défauts d’un homme de peu, riche et mal élevé. Enfant, il a été gâté par ses parents, gens vulgaires, qui pensaient que leurs immenses richesses constituaient de reste, au profit de leur unique héritier, toutes les vertus, tous les genres de mérite et de supériorité ! Jeune homme, tout d’abord en entrant dans le monde il a trouvé des flatteurs, des admirateurs, des courtisans à la suite de ses deux cent mille livres de rente… Et c’est de la meilleure foi du monde qu’il se croit un bon mari, parce qu’il est riche… un homme supérieur, parce qu’il est riche… Et enfin il est impérieux, égoïste, fantasque, en croyant fermement, ce qu’on lui a persuadé, qu’il possède toutes les qualités qui correspondent à ces vilains défauts !

Aussi je vous l’assure, ma chère, malgré tout il n’y a au fond de mon cœur ni inimitié, ni mauvais vouloir contre mon mari, mais bien plutôt le regret sincère des torts que j’ai pu avoir envers lui… Je pleure et ne l’accuse pas. Ce n’est pas de lui que me sont venus mes plus cruels chagrins !

Mais à cette époque je n’avais encore aucuns reproches à me faire, rien à expier. L’heure de la résignation n’était pas arrivée… et je m’indignais de tant