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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/166

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Et je me prenais en pitié ! Ma tête s’égarait… Il me semblait que cette chaîne d’or qui m’enlaçait, meurtrissait mes membres ; qu’elle avait des pointes aiguës qui m’entraient dans le cœur… Mes yeux chargés de pleurs se détournaient avec horreur de toutes ces fastueuses inutilités, de toute cette magnificence qui m’environnait… Tout cela insultait à ma douleur ! tout cela était trop payé, trop chèrement acquis !…

Perdue dans mes tristes réflexions, immobile, les mains jointes, retombées sur mes genoux, des larmes amères coulaient silencieusement sur mes joues… Un léger frôlement, le mouvement imprimé à la portière de velours, m’annonça que quelqu’un entrait ; j’essuyai promptement mes yeux : c’était ma mère. À ce moment sa vue me fit mal…

— Hélène, j’ai à vous parler, me dit-elle, je ne veux pas être interrompue, faites fermer votre porte, je vous prie.

Je sonnai et je donnai mes ordres.

Le début solennel de cet entretien me fit pressentir quelque grave explication… Ma mère était évidemment agitée… et moi, pour la première fois vis — à — vis d’elle je me sentais au cœur le courage de la résistance… Elle m’avait surprise dans un de ces moments d’irritation et de désespoir qui vont mal à la soumission.

— Ma fille, me dit-elle, comme mère je vous dois des avis et des conseils ; puis-je compter sur votre bon esprit pour vous y conformer ?