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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/167

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Je m’inclinai.

— Eh bien ! reprit-elle, je me vois forcée de vous dire que par l’inconséquence de votre conduite, vous commencez à attirer sur vous l’attention et le blâme du monde ; vous me comprenez, je pense ?…

— Non, ma mère.

— Comment ! vous ne comprenez pas que les assiduités d’un jeune homme compromettent une jeune femme ?…

— Pardonnez-moi, ma mère ; je comprendrais cette susceptibilité du monde si je me faisais accompagner par M. Albert Morrans, si je le recevais chez moi à des heures privilégiées, si…

— Le monde, interrompit-elle avec impatience, ne se donne pas la peine d’approfondir ; il juge sur les apparences, et ce sont avant tout les apparences qu’il faut ménager. Ensuite, ce M. Laurent…

— Ce n’est pas Laurent qu’il se nomme, c’est Morrans.

— J’en donnerais le choix pour une épingle ! Toujours est-il que ce monsieur-là est un homme sans consistance, sans attenances, qu’on ne sait d’où ça vient, d’où ça sort !

— Vous vous trompez, ma mère ; on sait fort bien que M. Albert Morrans est le fils d’un général qui a servi avec distinction sous l’empire.

— Qu’est-ce que cela signifie, je vous prie ?… Et d’abord il faut éviter de jamais vous compromettre ;