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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/169

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le front humilié… faisait descendre sa fille jusqu’à M. Duval !…

— La fortune de votre père, continua-t-elle, a été engloutie au jeu ; et la mienne presque entièrement absorbée par les sacrifices qui, à plusieurs reprises, m’ont été arrachés pour sauver l’honneur de notre maison. Noblesse oblige, madame. On ne compose pas avec les créanciers de bonne compagnie ; les dettes de jeu contractées envers ses égaux, sont réputées des dettes d’honneur, qu’il faut acquitter sous peine du mépris, de la déconsidération générale !

Lorsque je vous mariai à M. Duval… nous étions ruinés de fond en comble ! Il ne me restait plus au monde que le revenu de ma ferme de Brie qui, bon an mal an, rapporte dix mille francs à peine !… Pour des gens de notre rang, c’est là, je crois, la misère relative ?

Oh ! que ce calcul me fit mal, Aline !… Nous étions encore assez riches pour vivre heureuses l’une près de l’autre, si ma mère m’eût aimée… Je ne lui demandais que son amour… Pourquoi cet empressement à m’éloigner d’elle ?… J’avais donc été considérée comme une charge dont il fallait se débarrasser à tout prix !

— Dans ce mariage que vous semblez me reprocher, ajouta-t-elle, tous les avantages ont été pour vous, tous les dégoûts pour moi ! Pour vous sauver de la pauvreté qui eût été votre partage, j’ai fait abnégation