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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/170

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des principes, des préjugés, si vous le voulez, de toute ma vie… J’ai fait taire toutes mes répugnances, pour…

— Pour m’imposer un mari qui me rendit riche, d’abord… heureuse, par hasard ! m’écriai-je avec amertume ; cela importe si peu, en effet, dans une union de tous les jours, de tous les instants !…

Et involontairement je me levai comme pour fuir cette idée qui venait de me ressaisir au cœur.

— Une union éternelle ! éternellement malheureuse ! dis-je désespérée en me rejetant dans mon fauteuil.

— Mais en vérité vous perdez la tête ! s’écria ma mère ; que vous manque-t-il donc pour être heureuse, s’il vous plaît ?

— Ce qui me manque, ma mère ?… c’est de pouvoir aimer mon mari… c’est de trouver dans cet être lié corps à corps, âme à âme avec moi, les mêmes goûts, les mêmes instincts, les mêmes sympathies… c’est de pouvoir, ma main posée dans la sienne, trouver le bonheur, non pas dans le bruit, dans les agitations de la foule où l’on m’a jetée, sans s’embarrasser de ce qu’y deviendraient mon cœur et mon repos ! mais de pouvoir trouver le bonheur dans mon intérieur !… Un intérieur… je n’en ai jamais connu !

— Vous me confondez… s’écria ma mère. Mais où donc, bon Dieu ! avez-vous appris toutes ces belles choses ?… De grâce, gardez-vous de débiter de pa-