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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/171

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reilles niaiseries dans notre monde ; vous vous feriez moquer de vous ! Toute cette romanesquerie est passée de mode, je vous en avertis… Par le temps qui court, on fait assez d’estime du bien-être matériel, pour le faire entrer en ligne de compte dans ses rêveries de bonheur. Vous déraisonnez, ma fille.

Je ne répondis pas ; à quoi bon ?…

— Voyons, Hélène, reprit-elle en prenant ma main qu’elle garda dans les siennes, parlons sérieusement : décidément, ma fille, il faut que tu pries M. Morrans… de mettre ses œillades et ses soupirs dans sa poche… ce qui n’est que de l’inconvenance encore de sa part deviendrait de l’impertinence s’il persistait… Mais aussi, de ton côté, cesse tes coquetteries avec ce jeune homme… Tu as voulu t’amuser un moment, je veux le croire…

— Je n’ai jamais voulu m’amuser aux dépens de M. Morrans, dis-je.

— Non ! eh ! qu’en prétendais-tu donc faire ?

— Hélas ! je n’y ai pas réfléchi !… Je voudrais qu’il fût mon frère, mon parent… un ami qui m’aimât sur cette terre où je végète, entourée d’égoïstes et d’indifférents !

— C’est n’en pas revenir !… s’écria ma mère. Vous êtes absurde, ma chère, absurde ou folle ! Finissons-en. Avez-vous quelquefois réfléchi aux dangers qui pourraient résulter de vos douces rêveries ?… Et si votre mari venait à découvrir cette belle pastorale ?