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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/172

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— Mon mari, dis-je vivement, n’a rien à découvrir, parce qu’il n’existe rien que je ne puissé avouer, je suis pure, ma mère !

— Tout cela est bel et bon, mais vous ne convaincrez personne et n’en serez pas moins compromise, ruinée… Un homme de bonne compagnie ne met pas le public dans la confidence des torts de sa femme ; il se venge à bas bruit dans son intérieur… Mais M. Duval fera bourgeoisement du bruit tout haut, de l’éclat, du scandale, il vous perdra… Il tuera peut-être votre soupirant… Vous pâlissez… Eh oui ! c’est presque toujours ainsi que se terminent ces innocents romans de salon !

Au reste, en voilà trop de dit sur ce ridicule sujet ! ajouta madame de Lestanges d’un ton impératif ; en dernière analyse je vous déclare que je ne souffrirai pas que ceci aille plus loin ; j’ai les moyens de l’empêcher et je les emploierai : vous m’avez entendue ?

— Ma mère, répondis-je exaspérée, j’ai acheté trop cher mon émancipation pour rester toute ma vie en tutelle ! Je ne reconnais qu’à M. Duval le droit de me tourmenter, de me torturer !…

— Voilà qui est tout à fait poli… parfaitement respectueux… Ah ! vous prétendez, ma fille, lutter avec moi ?… Toutefois sachez, ajouta-t-elle impérieusement, que ce que j’ai bien voulu condescendre devoir à votre soumission, je l’obtiendrai autrement… quand je le voudrai bien.