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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/179

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revêtue d’habits de fête… Oh ! cette lutte était au-dessus de mes forces.

Frissonnante, la respiration courte, saccadée, les yeux fixés sur la pendule, je suivais avec angoisse la marche lente de l’aiguille : minuit sonna… Le roulement d’une voiture se fit entendre, les claquements criards d’un postillon bruirent à mes oreilles, dans mon cœur… Je franchis la foule, je me précipitai sur le balcon, une chaise de poste traversait la rue… nous échangeâmes un dernier adieu… le dernier à toujours ! Je tombai évanouie.

Et elle reprit à travers les sanglots : Il est mort, Aline, mort, pour expier le crime d’avoir été aimé par la fille de la marquise de Lestanges !… Ce climat meurtrier l’a tué… Il dort glacé sous le ciel brûlant où sa fosse avait été marquée à l’avance !  !  !

— Pauvre, pauvre Hélène ! s’écria madame de Rivers en lui tendant les bras.

Elle s’y jeta et pleura longtemps sur ce cœur où elle trouvait enfin pitié et sympathie !

— Et depuis, reprit-elle, je n’ai plus compté une heure heureuse dans ma vie !… je n’ai plus rien aimé… Ce monde vain, impitoyable, dont les odieuses exigences me coûtaient si cher, je l’avais en horreur. Combien de fois, succombant sous la charge, n’ai-je pas, les yeux en pleurs, les mains jointes, supplié M. Duval de me laisser reposer un instant, reprendre haleine… qu’il me permit d’aller passer quelque