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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/180

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temps dans une de ses terres, seule, toute seule !…

— Et qui donc ferait les honneurs de ma maison pendant que vous vous livreriez à vos fantaisies champêtres ? Vous déraisonnez, ma chère ! m’était-il répondu avec ce rire cruel qui retombe au cœur de l’affligé.

En effet, ce n’est que pour cela qu’il m’a épousée. Il a entendu faire l’acquisition d’un meuble indispensable dans ses salons ; dans sa pensée, c’est la lettre du marché conclu, du contrat passé entre le bourgeois millionnaire et la fille de qualité pauvre… Oh ! ma mère ! ma mère !…

J’ai cru mourir de douleur… mes larmes ne sont pas toutes taries… mais après de longs mois de désespoir, j’ai retrouvé une espérance… j’ai entrevu une fin à cette existence misérable, et je la subis !

— Et pourtant, chère Hélène, dit avec un triste sourire madame de Rivers, vous avez l’air de jouer en enfant gâté avec la vie.

— Avec la mort… répondit-elle avec une expression sardonique ; ne voyez-vous pas que, forcée de prendre un masque, je l’ai choisi gracieux ? Ces couleurs qui donnent de l’animation à mes joues, à mes yeux, sont artificielles, Aline… cette force qui me fait soutenir la fatigue d’une représentation continuelle, des veilles dévorantes, cette force est factice, est puisée dans une surexcitation nerveuse…

Mais quand ma journée de ce rude travail est finie ;