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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/181

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quand, mes portes closes, je puis être chez moi, je tombe sur ma couche, épuisée, agonisante… alors je tâte mes meurtrissures, j’interroge les pulsations désordonnées et rapides de mon pouls, je calcule les jours, les heures qui me restent encore à vivre… à souffrir… Là, là… dit-elle avec un horrible mouvement de satisfaction en appuyant la main sur son cœur, je sens là une douleur aiguë, incessante : je mourrai en dansant, Aline.

— Taisez-vous, Hélène, taisez-vous ! s’écria madame de Rivers en interrogeant d’un regard inquiet ce visage toujours rosé, et sur lequel à cette heure elle reconnaissait une altération effrayante ; Hélène ! pitié pour vous… vous offensez Dieu aussi !

— Ils n’ont pas eu pitié de moi, eux ! dit-elle avec amertume. Et Dieu me pardonnera ; j’ai pardonné… je ne suis pas la femme frivole, superficielle que vous croyiez, Aline ; mes dispositions dernières sont faites. L’avocat de Julien, resté notre ami à tous, m’a guidée ; mon mari, dans notre contrat de mariage, m’a reconnu en toute propriété trois cent mille francs, pour en disposer, après moi suivant ma volonté… et j’ai également partagé entre ma sœur bien-aimée… et ma mère…

— Bonne ! admirable Hélène ! s’écria madame de Rivers avec une expression d’indicible tendresse.

— Et maintenant, reprit-elle en tendant la main à son amie, vous, ma bien chère Aline, vous ne pensez