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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/182

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pas que je suis la plus heureuse femme du monde ?… Vous ne les répéterez plus avec la foule ces mots jetés comme une amère dérision à la face de mon malheur… ces mots qui se mêleront encore aux vibrations de mon glas de mort… ces mots, ces mots odieux qui, comme une dernière insulte à ma triste destinée, me poursuivront encore jusque sous la pierre qui recouvrira mes douleurs.

La pendule tinta un coup.

— Minuit et demi ? mon Dieu ! s’écria Hélène en se levant.

Madame de Rivers, avec un mouvement plein d’affection, passa son bras sous celui de son amie, posa sa bouche sur sa joue en lui disant avec une douce insistance :

— Hélène, vous viendrez quelquefois causer avec moi ?… je vous aiderai à porter le fardeau… Promettez moi courage et résignation, chère Hélène.

— Oh ! répondit-elle avec un de ces sourires à faire pleurer, et en saisissant convulsivement son éventail posé sur la cheminée, j’ai du courage et de la résignation… à ce point, voyez… que je vais passer le reste de la nuit au bal, chez le prince de Polignac.

Et remarquant la surprise de madame de Rivers :

— Il le faut, Aline, il le faut ! ajouta-t-elle avec une inflexion ironique : j’ai reçu l’ordre d’aller, en sortant des Bouffes, y joindre ma mère et mon mari. Le prince de Polignac est sur le point de devenir le dispensateur