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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/25

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bien là cette Hélène si frivole, l’insoucieuse Hélène ?…

— Mais enfin, reprit-elle, tout ce qui peut contribuer au bonheur, vous le possédez…

— Et pourtant ! fit-elle en balançant tristement sa jolie tête, pourtant je suis malheureuse !…

— Oh ! cela est impossible, Hélène ! s’écria madame de Rivers.

— Si, si !…

Et comme irrésistiblement entraînée, elle ajouta :

— Écoutez ceci : J’ai vingt-deux ans, on me dit jolie, je suis riche, recherchée, admirée… Tout ce qu’on est convenu d’appeler les jouissances d’une vie brillante et parée, je le possède : j’ai un magnifique hôtel, les plus beaux chevaux, les plus beaux diamants, les plus beaux cachemires ; je donne des fêtes somptueuses ! Oui, oui, tout cela est vrai !… Et sous ces lambris dorés, je dors mal… sous mes beaux cachemires bat un cœur brisé… Dans mes salons resplendissants d’élégance, aux feux étincelants des lustres, tout est sombre, décoloré à ma vue… Ce qui en faisait le charme et l’intérêt en a disparu à jamais !… Et, ajouta-elle avec une intraduisible expression, et j’ai la mort dans l’âme… en grimaçant la folie et la gaieté au milieu de la foule, qui me proclame la plus heureuse femme du monde !

— Ma pauvre Hélène ! s’écria madame de Rivers.

Et, par un de ces bons mouvements qui partent du cœur, elle se rapprocha tout près de son amie.