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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/32

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créé hors des murs de mon couvent tous les bonheurs, une vie bariolée de plaisirs, de fêtes non interrompues. On ne peut se faire une idée de tout ce qui se passe dans une tête de jeune fille !… Vous vous le rappelez bien ? J’aurais donné dix années de l’avenir, pour racheter une heure du temps qui me séparait du malheureux jour de ma sortie de pension ! Et, ce monde chatoyant que j’avais rêvé, que je désirais tant connaitre, je n’avais pu encore l’apercevoir même à travers une porte entre-bâillée ! Quel mécompte, mon Dieu !

Je m’ennuyais à mourir entre mon père et ma mère qui paraissaient s’apercevoir à peine de ma présence ; dans mon isolement, j’en étais presque à regretter mes heures occupées avec mes compagnes ; l’animation, le papillonnage auxquels j’étais habituée. Rien, rien n’était plus monotone, plus triste, que notre maison.

Il n’en avait pas toujours été ainsi ; mes ressouvenirs de petite fille me reportaient au temps où ma mère, toujours très-parée, très-élégante, allait sans cesse dans le monde, en recevait beaucoup, donnait des fêtes. Bien des changements s’étaient successivement opérés dans les neuf années de mon absence. Nous n’habitions plus un hôtel à nous seuls, ma mère n’avait plus de voiture, elle sortait rarement et ne recevait plus ; de notre nombreux domestique il ne restait que Saint-Jean, Angélique la vieille femme de chambre de ma mère, et une cuisinière.

Malgré tout, la position de mes parents paraissait