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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/33

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encore très convenable ; l’appartement qu’ils occupaient rue de Grenelle, près la place des Invalides, au premier, était vaste ; l’ameublement ancien, mais riche et confortable ; et, quand Saint-Jean, vêtu de noir, et qui avait conservé les us et coutumes des domestiques de bonne maison, la poudre, les culottes courtes, les souliers à boucles, annonçait en ouvrant la porte du salon à deux battants, pour les visiteurs, tout cela avait encore bon air. Les apparences étaient sauvées !…

Mais pour ma mère, je l’ai compris depuis, cet état de choses, c’était l’infortune. Tout est relatif. Pour des gens accoutumés, comme elle l’avait été toute sa vie, à une grande existence, le malaise, c’est la pauvreté, presque la misère… Ma pauvre mère ! Oh ! bien certainement le malheur a desséché son cœur, a aigri son caractère… J’ai tant besoin de lui trouver des excuses !…

Un soir, je faisais tristement seule de la musique au salon, en attendant ma mère qui était allée au château faire sa cour à madame la dauphine, dont elle a toc jours été traitée avec bonté. J’entends ouvrir la porte à petit bruit, je me retourne vivement tout heureuse que quelque chose vint rompre la solitude qui régnait autour de moi. C’était Saint-Jean s’avançant d’un air solennel et tenant à la main un énorme bouquet de belles fleurs toutes blanches, artistement nouées avec un ruban blanc à longs bouts.