Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/39

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

toutes ma chère, j’avais l’instinct de la coquetterie bien avant de savoir à quel usage elle nous sert. Enfin, il était entré dans mes raisonnements qu’on devait me faire belle pour l’entrevue qui m’avait été solennellement annoncée la veille.

Mais l’idée de me faire parer n’était pas venue à ma mère. Vous comprenez qu’il ne tombait pas dans la pensée de la marquise de Lestanges, que sa fille, fût-elle laide et bossue, ne dût pas plaire à M. Duval…

C’était à trois heures que devait avoir lieu l’entrevue annoncée… la demie de deux heures était sonnée depuis longtemps, Angélique arriva enfin… pour me me prévenir que ma mère me demandait au salon.

D’un saut je me trouvai devant ma petite glace…

— J’y vais, ma bonne, répondis-je avec indécision et toute rouge, toute tremblante.

Elle me considérait en souriant, et dans ce regard, se mêlait à beaucoup de bienveillance comme du regret… La bonne créature avait-elle écouté aux portes ? je ne sais.

Lorsque j’entrai au salon, ma mère, placée sur le large canapé de damas rouge à bois doré, un tabouret sous les pieds, travaillait à sa tapisserie. Mon père, l’air soucieux, se promenait à grands pas, les bras croisés, la tête inclinée sur sa poitrine, et comme je m’avançais vers lui pour recevoir le baiser qu’il me donnait toujours à notre première vue, ma mère me dit :