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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/40

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— Viens t’asseoir près de moi, Hélène, tu m’aideras à dévider mes soies.

Pauvre père ! j’ai compris depuis ce qu’il devait éprouver à ce moment…

Dix minutes s’écoulèrent entre nous trois dans le plus profond silence : une voiture arrêta à notre porte… Mon père tressaillit, ma mère pâlit, les battements de mon cæur suspendirent ma respiration…

Les deux battants de la porte du salon s’ouvrirent : M. Duval, annonça Saint-Jean, d’une voix, d’un air… Cela ne peut se rendre…

Mon père, d’un mouvement heurté, s’avança à la rencontre de M. Duval, lui prit avec dignité la main, le conduisit à ma mère, debout, et moi, droite à ses côtés : « M. Duval, » répéta-t-il avec une expression courtoise.

La présentation était faite…

Ma mère et moi nous nous rassîmes, et, avec l’aisance parfaite que possède la marquise de Lestanges, elle soutint une conversation gracieuse, légère (à laquelle mon père ne prenait point de parl), en interrogeant et faisant causer M. Duval sur les sujets qui devaient lui être familiers.

Quant à moi, vous le pensez bien, je ne disais mot : les yeux fixés sur mon peloton de soie que je faisais semblant de démêler, je ne les relevais que quand je me croyais bien sûre qu’on ne me regardait pas.