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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/42

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fait en famille, pour déjeuner. Ce fut alors en ôtant mon gant que je m’aperçus que je n’avais plus mon anneau. Je ne puis vous exprimer l’effet que j’en éprouvai. Cette impression fut si vive, qu’elle l’emporta sur ma timidité, sur la crainte d’être grondée :

— Mon Dieu ! m’écriai-je, j’aimerais mieux avoir perdu mon écrin.

— Qu’est-ce donc ? demanda vivement ma mère.

— J’ai perdu mon anneau ! répondis-je consternée.

— L’un serait aussi facile que l’autre à remplacer, dit courtoisement M. Duval, mais demain, cette grande perte sera réparée, ne vous en occupez pas.

— Oh ! ce ne sera plus celui-là, dis-je timidement.

Du reste, la grande perte ne fut pas réparée. Mon écrin eût été remplacé… mon anneau… mon mari n’y songea plus… il n’attachait pas d’importance à de semblables choses. Et moi, chagrine qu’il eût oublié sa promesse, je ne la lui rappelai pas. D’ailleurs, c’était mon anneau bénit, consacré, poétisé dans mon imagination, que je regrettais. Un autre, je ne m’en souciais pas.



VI


C’est ainsi que je me mariai, ma chère. Je n’ai pas été tyrannisée, je n’ai pas été contrainte ; j’ai accepté, sans savoir ce que je faisais, il est vrai, mais aucune