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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/43

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répugnance, l’époux qui m’a été donné par mes parents : j’apportais dans cette union du bon vouloir, toutes les belles et généreuses illusions de la jeunesse, toutes les qualités, tous les défauts de l’inexpérience : le mal, je ne le connaissais pas, le bien était dans mon cœur. De mon mari dépendait le sort de notre intérieur !

Mais il avait bien autre chose à faire vraiment, que de m’étudier, que de me guider, que de m’aimer ! Ce n’était pas dans ma tendresse, dans ma confiance qu’il avait placé, lui, ses espérances de bonheur…

Mon mari m’avait prise sans amour : j’avais un nom, des alliances ; lui, de l’argent, beaucoup d’argent, de l’ambition… Il avait épousé la jeune fille pour lui servir de marchepied et parvenir… Tout ce qu’il voulait d’elle, c’était qu’elle l’aidât au succès de l’entreprise… tout ce qu’il lui demandait, c’était d’être infatigable, d’aller tous les jours dans le monde, d’en recevoir, de rendre sa maison la plus brillante, la plus agréable de Paris pour y attirer la ville et la cour : ces conditions tacites du contrat remplies, il n’exigeait rien de plus ; et le succès obtenu, il se trouverait suffisamment heureux.

Avant que ces tristes vérités ne se fussent déroulées fatalement à mes yeux, je ne voyais que le côté poétique de ma position… je me crus heureuse… Lancée dans cet étourdissant tourbillon du monde, j’en éprouvai toutes les fascinations, tous les enchantements,