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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/49

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appartenait, la pauvre rejetée… Entre elle et moi, il existait des liens naturels ; jusqu’ici ces doux liens de la famille avaient été pour moi lettre morte ; jamais non plus je n’avais eu d’amie de mon âge. Oh ! si son cœur répondait à mon cœur, si elle voulait m’aimer, elle serait la compagne, la seur… que j’avais appelée toute ma vie !…

Je devais recevoir de Saint-Jean les renseignements qui me manquaient pour exécuter les engagements que j’avais contractés ; peut-être aussi pourrait-il m’apprendre bien des choses que je brûlais de savoir… Trois jours après la mort de mon père, je le fis appeler.



VII


Saint-Jean, né dans la maison de mon grand-père, depuis soixante ans avait été le fidèle et muet témoin de tout ce qui s’était passé dans la famille, il en faisait comme partie ; son dévouement avait passé de génération en génération. Il avait partagé les prospérités de la maison de Lestanges ; et, dans ses mauvais jours, il avait redoublé de zèle : tant que ses services pourraient y être utiles, il ne lui était pas venu à l’idée qu’il pût se reposer !

En l’apercevant tout vêtu de noir de la tête aux pieds, mes larmes coulèrent ; j’avais produit sur lui la