Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/51

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Comment vit-elle ? demandai-je encore.

— En travaillant.

— En travaillant !

— Oui, madame, elle est ouvrière, et elle a épousé un ouvrier, dit-il avec un inexprimable accent.

— Ah ! mon Dieu ! m’écriai-je involontairement.

Alors, alors mon beau rêve était évanoui !… je ne trouvais plus le courage de questionner Saint-Jean, qui me considérait avec surprise.

Mais bientôt je me reprochai ce mauvais mouvement d’égoïsme… Quoi qu’il en fût, j’avais des devoirs à remplir envers la pauvre Marie, et je voulus connaître tout ce qui la concernait.

— Saint-Jean, repris-je, je ne suis plus une enfant, il est temps enfin que j’apprenne les choses de ma famille, que je sache nos affaires intérieures, et quels devoirs elles m’imposent… Je désire connaître tous les détails qui se rattachent aux obligations dont la mort de mon père m’a faite l’héritière.

La physionomie du vieillard exprima une peine profonde.

— Madame, répondit-il, la tombe recouvre les erreurs de mon maître… j’aurais voulu en effacer de ma mémoire jusqu’au souvenir… Ce sera pour la première et la dernière fois qu’âme au monde en entendra de ma bouche la révélation… J’obéis aux ordres de sa fille.

Ce n’est pas une affaire de votre famille, madame,