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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/53

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La terre de madame votre grand’mère était située dans les montagnes du Beaujolais, les paysans n’y étaient pas trop mauvais ; c’est là qu’elle se réfugia et habita paisiblement tout le temps de la révolution.

M. le marquis périt à Quiberon ; M. le comte qui l’accompagnait échappa par miracle à cette boucherie, se jeta dans la Vendée, et plus tard parvint à repasser en Angleterre, où il resta jusqu’à l’amnistie accordée sous le consulat.

Madame la marquise sollicita la radiation de son fils, l’obtint, et il arriva aux Tremblayes le 1er avril 1802. Je vois encore cette scène ; en entendant le bruit de la chaise de poste qui entrait dans la cour du château, madame la marquise, suivie de madame Hélène, de tous ses domestiques, s’avança jusque sur le perron pour recevoir son fils, devenu par la mort de son père le chef de sa noble maison !

En entrant dans le salon, M. le marquis aperçut Thérèse, debout, auprès d’un métier à tapisserie, à laquelle elle travaillait avec la gouvernante : il fit un mouvement de surprise, et la salua respectueusement : C’est Thérèse Hubert… lui dit en riant madame Hélène, tu ne reconnais pas ma petite sœur de lait ?…

Neuf années s’étaient écoulées depuis son départ, son retour excitait des transports universels ; sa mère et sa sœur, ivres de joie, ne pouvaient se lasser d’admirer son grand air, sa belle taille, ses nobles façons, car il avait tout cela ! Et nous, tous anciens serviteurs