Aller au contenu

Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/54

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de la famille, nous en étions fiers aussi, nous partagions le bonheur de nos maîtres !

À cette époque, Thérèse venait d’atteindre sa dix-septième année. Elle n’avait jamais été considérée comme faisant partie de la domesticité de la maison : elle mangeait avec la gouvernante et la vieille femme de charge qui avait nourri madame la marquise ; et lorsqu’il n’y avait pas d’étrangers au salon, elle y travaillait à de petits ouvrages avec mademoiselle, qu’elle ne quittait guère.

Au premier abord, Thérèse n’était remarquable que par le contraste qu’offrait l’extrême simplicité de sa mise (celle d’une demoiselle, néanmoins), avec l’air de dignité et de distinction naturelle répandu sur toute sa personne.

En examinant son pâle et doux visage, ses traits fins et corrects, sa taille frêle, élancée, légèrement courbée, ses manières, ses gestes, auxquels l’habitude de la dépendance avait imprimé une retenue, une timidité extrême, on la trouvait plus que jolie : c’était un vif intéret, presque du respect, qu’inspirait l’humble jeune fille.

Nous la chérissions tous. Sa modestie, sa douceur dans la bonne fortune, ne s’étaient jamais démenties ; et il semblait que chacun de nous s’enorgueillît, en la voyant si parfaite, si sage, si digne enfin des bontés dont elle avait été l’objet ; et sans qu’on nous l’eût jamais prescrit, nous ne l’appelions que mademoiselle Thérèse !