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Page:Desormeaux - La Plus Heureuse Femme du monde.pdf/59

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elle me dit : « Saint-Jean, je me prive de tes services en faveur de mon fils. » Un mouvement m’échappa que je réprimai aussitôt, car j’avais reçu le jour dans la maison de madame la marquise ; et elle avait le droit de compter sur ma soumission à ses volontés. « C’est une affaire arrangée entre le marquis et moi, continua-t-elle, tu seras attaché à sa personne en qualité de premier valet de chambre. L’envoi en possession de sa forêt qu’il vient d’obtenir définitivement, lui permet de monter sa maison sur un pied convenable ; tu en prendras la direction, et par ton âge (j’avais alors trente-six ans) et l’ancienneté de ton rang, tu auras la haute main sur ses gens.

Ensuite elle ajouta d’un ton pensif et peiné : « Tout ceci a mal tourné !… J’avais eu d’autres vues sur toi, mon garçon… Enfin… je te recommande Thérèse…

— Madame la marquise, dis-je, Thérèse Hubert trouvera en moi un père…

Nous arrivâmes à Paris le 1er avril 1803, un an après, jour pour jour, de l’arrivée de M. le marquis aux Tremblayes. Je trouvai, au quatrième étage d’une honnête maison de la rue Saint-Dominique, au coin de celle d’Enfer, un petit logement de trois pièces, des fenêtres duquel la pauvre fille des champs pouvait, du moins, respirer l’air et jouir de la vue des beaux ombrages du jardin du Luxembourg. Je le garnis du nécessaire, et j’y installai Thérèse.